21 novembre 2024

Le Moulin (de) Bruno

Photo montrant l’arrière du moulin avec à gauche, la partie habitation et ses colombages et à droite la partie moulin L’ ouverture au ras de l’eau correspond à la sortie des turbines.

Le Moulin (de) Bruno est situé à Jayat/Foissiat, sur la Reyssouze

Historique  :

Un moulin a été présent sur ce site depuis des temps immémoriaux, comme l’indiquent certains documents des archives. Il était alors connu sous le nom de moulin de Bernard.

Ce fait est avéré dans “l’évaluation des biens de la chartreuse de Montmerle”, où est écrit : accords et transactions avec l’abbé de Joug Dieu qui leur a cédé tous ses droits, titres d’acquisition du pré Bernard dans la Vavre, autre d’une partie d’une petite isle au dessus du moulin de Bernard en 1258.

N.B: L’abbaye de Joux (Joug-Dieu) aujourd’hui disparue figurait parmi les principales abbayes bénédictines du Beaujolais. En 1210, les religieux du prieuré de Montmerle du val de St Etienne, situé à Lescheroux, qui dépendait de l’abbaye décidèrent de rejoindre l’ordre de St-Bruno, c’est-à-dire les Chartreux.

Jusqu’à la révolution, il est resté propriété de la chartreuse de Montmerle, ce qui peut expliquer le nom de moulin de Bruno. Saint Bruno était en effet le fondateur de l’ordre des Chartreux.

Source : Michel Darniot et Nicole Ruffin à partir des recherches effectuées aux archives départementales de Bourg et des archives de Michel

Les photos sont de nous.

Des Dates

Le 25 Mai 1791, le moulin avec deux artifices* et ses dépendances dont un battoir, appartenant aux Chartreux de Montmerle, a été vendu comme Bien National au sieur de la Chapelle, beau – père du vicomte de la Boulaye, secrétaire général de la maison du roi.

La propriété comportait en plus du moulin une ferme avec des prés et des terres.

En 1822, il possédait trois roues à aubes, deux pour le moulin à farine et une pour le battoir servant à teiller** du chanvre. Une quatrième roue fut installée en 1850

En 1879, Louis Léon Chanel et son épouse Marie Virginie Léontine Landry ont acheté le moulin dit de Bruno, qui possédait 4 paires de meules, plus les terrains, le tout d’un même tènement.

En 1908, ceux-ci ont vendu, le moulin seul, à Monsieur Louis Laurent qui le transforme en usine de production électrique (110 Volts). Les roues sont alors remplacées par des turbines.

Suite au décès de M Laurent, à la guerre, la société qui avait été créée a été liquidée, en 1920.

Monsieur Lucien Aimé Levet et son épouse rachètent le bâtiment et le transforme en moulin à céréales secondaires et farine panifiable.

Une turbine Fontaine de 1870, associée à une dynamo a produit jusqu’en 1969 de l’électricité, pour les appartements et le moulin.

Les propriétaires actuels : Irène et Michel Darniot

Jean Darniot en est devenu propriétaire en 1969, pour pouvoir agrandir la société Darniot « le Père Jean, Aliments du bétail » basée alors à St Julien-sur-Reyssouze

Ses fils Michel et Jean Claude y travailleront jusqu’en 2000, date à laquelle l’activité s’arrête.

En 1974, les irrégularités du niveau de la rivière font que l’entreprise privilégie le courant électrique d’EDF.

De nombreux travaux ont été effectués

En 1984, ce fut l’appartement ainsi que les façades. Les fondations avaient elles, été refaites durant l’activité du moulin.

A partir de 2003, restauration à l’ancienne du moulin : la turbine « Fontaine » est remise en activité, l’entrée transformée en musée, le moulin à blé réinstallé. D’importants travaux de rénovation intérieurs ont permis de mettre au jour de splendides murs de briques et de pierres de taille datant de la construction du moulin ainsi que des colombages bressans, qui jusqu’alors se dissimulaient sous des crépis.

En 2007, les turbines « Francis » ont été remises en état et en fonctionnement, une pour la production d’électricité, l’autre pour faire fonctionner les meules.

En 2012-2013, réfection et modification des toitures avec l’accord de l’architecte des bâtiments de France, le patrimoine de pays et le permis de construire des communes de Foissiat et de Jayat.

En 2013, la production d’hydroélectricité débute.

Au vu de la qualité des réalisations, le moulin est classé au Patrimoine de France

Les propriétaires ayant la volonté et le plaisir de faire connaître ce patrimoine, ouvrent leur moulin à la visite, mais uniquement sur rendez-vous, par téléphone ou par mail.

Tel : au 04 74 30 89 94 Mail : michel.darniot@orange.fr

la partie supérieure des turbines et les engrenages
le moulin à farine qui comporte un coffre appelé archure à l’intérieur duquel se trouvent les deux meules Au dessus du coffre, la trémie dans lequel on met le blé qui en passant entre les meules va être transformé en mouture (farine + son) Appuyée contre le mur de droite, une meule.

En découvrant l’extérieur vous aurez une connaissance complète de ce qu’est un moulin avec son canal d’amenée alimenté par la Reyssouze, la grille qui retient les embâcles*** et empêche les poissons d’aller vers les turbines, son canal de décharge, le déversoir et ses trois vannes.

A l’arrière le gour, profond de sept mètres, où nagent de nombreux poissons et la sortie des turbines qui oxygènent l’eau.

A l’intérieur, un musée, tout le matériel de meunerie et celui destiné à la fabrication de l’aliment pour bétail. Mais aussi vous pourrez comprendre comment de l’hydroélectricité, énergie renouvelable et décarbonée est produite sans atteinte ni du milieu ni du paysage.

  • * Artifices: ce sont les installations mues par l’eau et nécessaires par exemple pour obtenir la farine
  • ** Le teillage est l’opération consistant à broyer les tiges de chanvre, pour séparer les fibres textiles de l’écorce. cette opération succède au rouissage . Préalablement, la plante a été placée dans l’eau pendant plusieurs jours, ce que l’on appelle le rouissage.
  • *** Un embâcle est un phénomène volontaire ou accidentel d’accumulation de matériaux (végétation, rochers, bois, etc.) dans le cours d’eau sous l’effet du courant.